Dans ma chambre
à Alexandra
Dans la rue, il pleuvait un peu
Lorsque nous nous sommes croisés
Je t’ai parlé et peu à peu,
Tu t’es laissée apprivoiser
Je me rappelle les premières
Séances que nous avons faites
Quelques spots blancs pour la lumière
Et tu étais presque parfaite
Dans ce studio, tu étais comme
La Vénus sur son coquillage
Si belle, sans défauts qu’on gomme
A grands renforts de maquillage
Mais depuis que tu n’es plus là,
J’ai laissé tombé la photo
Elles n’ont plus le même éclat
Qu’elles avaient six ans plus tôt
Au premier étage, la porte
De mon labo est condamnée
Depuis déjà quelques années
Mais dans ma chambre, sous le toit
Les murs parlent toujours de toi
D’un coup, tu étais devenue
Mon seul et unique sujet
Hier encore, une inconnue
Et puis mon unique projet
Je préférais photographier
Encore une fois ton visage
Plutôt que de photographier
Des objets ou un paysage
C’est comme si j’avais tenté
De capturer sur un poster
Une fraction de ta beauté,
Une partie de ton mystère
Mais depuis que tu n’es plus là,
J’ai laissé tombé la photo
Elles n’ont plus le même éclat
Qu’elles avaient six ans plus tôt
Au premier étage, la porte
De mon labo est condamnée
Depuis déjà quelques années
Mais dans ma chambre, sous le toit
Les murs parlent toujours de toi
La femme aux cheveux de miel
à Alexandra
Tu es née dans les brumes du Nord,
Entre la capitale et le port
Qu’a chantés autrefois Jacques Brel
Je suis né, un peu comme Cabrel,
De parents italiens installés
Dans un endroit un peu isolé
Du Midi, mais où le soleil brille
A chaque réunion de famille,
Devant un Asti ou une glace,
Nos proches et nos enfants ne se lassent
Pas de nous entendre raconter
Comment nous nous sommes rencontrés
Toi, la femme aux cheveux de miel
Et moi, l’homme aux cheveux de nuit
Toi, la femme au regard de ciel
Et moi, l’homme au regard de suie
C’est sur un avion pour la Belgique
Qu’a eu lieu la rencontre magique
Pour dissiper ma nervosité,
En vol, l’hôtesse m’a présenté
La femme qui était ma voisine
Tu étais l’une de ses cousines
A dix mille mètres d’altitude,
A mi-chemin du Nord et du Sud
Nous avons tous les deux découvert
Que l’Amour se moquait des frontières
J’ai même appris à aimer tes brumes
Même si souvent, je m’y enrhume
Et je garde un respect infini
Pour l’ange qui nous a réunis
Toi, la femme aux cheveux de miel
Et moi, l’homme aux cheveux de nuit
Toi, la femme au regard de ciel
Et moi, l’homme au regard de suie
Si j’en doutais encore
à Alexandra
Alors que je remplis
Ton verre de vin rouge,
Un bruit dans les amplis
Fait que soudain, je bouge
Et ma main, en tremblant
Répand un peu de vin
Sur ton chemisier blanc
Je dépose le vin
A l’aide d’un mouchoir
Légèrement mouillé,
J’essaie sans trop d’espoir
De le débarbouiller
Alors que je nettoie
Ton vêtement taché,
Je ressens près de toi
Ce trouble à te toucher
Depuis que ce dîner,
En nous réunissant,
M’a dit quel nom donner
A ce que je ressens,
Cette émotion si neuve
Quand je frôle ton corps
M’en apporte la preuve,
Si j’en doutais encore
J’essaie de me donner
Du courage ; comment
Me faire pardonner ?
Je ne sais pas vraiment …
La sono joue trop fort
Pour qu’on puisse penser
A quelque chose ; alors
Je t’invite à danser
Et la foule très dense
Qui est en ce moment
Sur la piste de danse
Gêne les mouvements
Et m’oblige en tous cas
A te garder serrée
Contre mon corps jusqu’à
La fin de la soirée
Depuis que ce dîner,
En nous réunissant,
M’a dit quel nom donner
A ce que je ressens,
Cette émotion si neuve
Quand je frôle ton corps
M’en apporte la preuve,
Si j’en doutais encore