Anouchka
à Christine
d'après la chanson "Nathalie" de Gilbert Bécaud
Elle s'appelait Anouchka
Elle était venue de Russie
Elle avait des traits délicats,
Autant de grâce que Sissi,
Des yeux comme le ciel de Rome
Elle avait des cheveux blonds comme
Les blés qui poussent dans les plaines
Fertiles du coeur de l'Ukraine
Moi, j'étais encore étudiant
Mais j'avais quitté mes parents
J'avais une chambre de bonne
Et j'étudiais à la Sorbonne
Des cours de lettres et de philo
Mais pendant les jours de congé,
Je faisais souvent un boulot
De guide pour les étrangers
Elle était juste de passage
Elle avait travaillé longtemps
Afin de faire ce voyage
Elle était venue au printemps
Visiter la Ville Lumière
Je crois que c'était la première
Fois qu'elle quittait son pays
Elle m'a raconté sa vie
Comme à un nouveau camarade
Elle habitait un quartier laid
Dans la banlieue de Volgograd
Il n'y avait pas de palais
Ni de beaux musées dans ce coin
Saint-Petersbourg était très loin
Il ne venait pas de touristes
Les immeubles étaient gris et tristes
A ses yeux, le coeur de Paris
Ressemblait presque au paradis
Elle jouait du piano
Et chantait comme soprano
A l'académie des Beaux-Arts
Elle aimait Chopin et Mozart
Les compositeurs de Russie
Schumann, Ravel et Debussy
Mais aussi les chansons françaises
Elle avait suivi pendant seize
Longues années des cours de français
Elle avait travaillé sans trêve
En se disant qu'elle pourrait
Un jour réaliser son rêve
Elle voulait tout visiter
La tour Eiffel, les magasins
Le Louvre, le musée Grévin
Elle voulait aussi goûter
Notre cuisine et notre vin
Nous avons traversé Paris
A pied, en métro, en taxi
Parfois, je lui prenais la main
Sans trop penser au lendemain,
A la séparation future
C'était une belle aventure
Elle aurait bien aimé rester
Mais sa famille lui manquait
Je l'ai embrassée sur le quai
Pendant de longs jours, j'ai pesté
Contre le sort qui nous avait
Fait naître moi, près de Paris
Elle, dans ce lointain pays
Ce voyage était bien trop court
Puis j'ai recommencé mes cours
Et mon travail de guide, mais
J'avais compris que désormais
Paris me paraîtrait bien vide